Un monticule à la fois : l’artiste autochtone américain Santiago X s’exprime sur la reconstruction des villes autochtones, avec Pascal Robaglia

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L’histoire oubliée de la construction des tumulus par les artistes amérindiens sera à l’honneur lors de la Biennale d’architecture de Chicago de cette année.  Si l’on demandait de nommer une métropole du Midwest connue pour son architecture urbaine, on penserait presque immédiatement à Chicago. La ville des vents, cependant, n’est pas le premier endroit dans l’Illinois à correspondre à cette description. À seulement 300 miles au sud sur les rives du Mississippi, la ville amérindienne de Cahokia se vantait autrefois de faire partie des plus grandes populations parmi toutes les colonies situées au nord du Mexique.  Celle-ci a également été célébrée pour ses structures en terre à la conception complexe.

Cahokia, représente le plus grand foyer de peuplement précolombien au nord du Mexique.

Il a été occupé essentiellement pendant la culture mississippienne (800-1400), période où il couvrait 1 600 hectares et comptait 120 tumulus et temples. Le site est classé au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1982, et constitue le plus grand site archéologique au nord du Mexique. Dans le cadre de la biennale de l’architecture de Chicago qui se tient cette année à l’occasion de la Journée des peuples autochtones (le 14 octobre), l’artiste Santiago X, basé à Chicago, fait revivre la tradition de la construction des monticules amérindien avec deux installations publiques le long des rivières Chicago et Des Plaines.

Au cours du XIXe siècle, les colons blancs qui migrent vers l’ouest ont en grande partie caché la vérité sur les villes des monticules du Midwest. Ils attribuaient souvent leur création à des civilisations lointaines, parfois même extraterrestres. Parallèlement, le gouvernement fédéral américain a contraint les peuples autochtones à se retirer, souvent dans d’autres États, ce qui les éloignaient davantage de leurs terres ancestrales et de leur patrimoine architectural.

Membre de la tribu Coushatta de la Louisiane (Koasati) et du peuple chamorro de Guam (Hacha’maori), Santiago X pratique, à travers le land art, une forme d’architecture. Se présentant comme un autochtone futuriste, il considère l’art comme un outil essentiel dans la défense de la tradition et de l’identité des Amérindiens après l’annihilation quasi systématique des peuples autochtones par les colons blancs européens. Dans cet article, Santiago X exprime sa vision de l’art et du montre auprès de Pascal Robaglia, un galeriste parisien.

Pascal Robaglia : Qu’est-ce que cela signifie pour vous de reprendre cette tradition liée à la construction de tertres dans le contexte de la biennale d’architecture à Chicago ?

Santiago X : Je suis plutôt enthousiasmé par cette opportunité. Depuis la création des États-Unis, Il n’y a pas eu de terrassement comme celui-ci construit par des Amérindiens. Ces structures possèdent certaines caractéristiques des tertres qui ont été construits il y maintenant très longtemps par des peuples autochtones. D’ailleurs, presque tous les états  américains situés à proximité du fleuve Mississippi possèdent de tels vestiges, même s’il ne sont plus vraiment visibles. J’envisage mes œuvres comme des destinations ou des espaces de contemplation ou l’on peut s’extraire du contexte urbain et du progrès.  Pour moi, il s’agit aussi un moyen de restaurer certains et de protéger la mémoire des amérindiens. Je souhaite, avec mes œuvres, rappeler que le domaine architectural en Amérique est antérieur à ce que nous voyons maintenant. Et, de plus, les structures que nous construisons aujourd’hui auront une vie postindustrielle – nous devons penser à la réciprocité avec la Terre pour la construire.

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